Quoi de neuf ?

jeudi 26 février 2015

Fiche-mémoire et d'entraînement sur le Système solaire


Cliquez sur l'illustration pour accéder au document correspondant
(modifiable sur la page des Ceintures).

mercredi 25 février 2015

"La bobine d'Alfred" de Malika Ferdjoukh

Le numéro de février de notre abonnement Supermax de L'école des loisirs consiste en un roman qui n'est vraisemblablement pas passé loin de la collection Médium. L'auteure nous plonge avec son héros, Harry Bonnet, dans le Hollywood des années 60. Ce fils de cuistot accompagne son père, recruté par une grande actrice. Là-bas, il côtoie les plus grands, et s'invite même sur le tournage d'un film extrêmement secret, dont le titre, l'histoire et le nom du réalisateur sont protégés par des contrats de confidentialité. Le titre et la couverture nous donnent largement assez d'indices pour envisager l'ampleur de ce que le personnage principal s'apprête à vivre...

La bobine d'Alfred de Malika Ferdjoukh

Morceaux choisis :

"- Hello, baby... Il est à qui, ce beau chapeau ? a demandé la brute bronzée qui survenait, une long board jaune banane coincée sous le biceps.
Malgré mon anglais de fin de seconde, j'ai compris qu'il jouait dans la même catégorie que je Jean-Pi au lycée. Celle qui tire les nattes des filles au CP, soulève leurs jupes au CM, leur pince les fesses en quatrième. Le crétin en vigueur sur tous les continents.
" (p.31)

"- Un tournage, c'est 80 % d'attente et 10 % de bâillements. [...]
- Il manque 10 %, remarquai-je.
- Quoi ?
- 80 et 10, ça fait 90. C'est quoi les 10 % restants ?
- Bah [...] les 10 % qui restent, mais... c'est pour eux qu'on fait ce foutu métier !
" (p.91)

"C'était si joli à regarder que... j'ai regardé." (p.117)

"Il discutait chiffons avec, tu sais, cette actrice brune qui ressemble à Burt Lancaster, zut, j'ai son nom sur le bout de la langue..." (p.120)

"- Je peux te confier un secret ?
- Probablement pas. De quoi s'agit-il ?
" (p.122)

"- Tu m'attends ici ?
- Je ne bouge pas.
- Même si tu as envie de faire pipi.
- J'ai décidé d'arrêter de toute façon.
" (p.128)

"Elle conversait avec une dame au faciès sorti de La Quatrième Dimension." (p. 130)

"- Tu es magnifique.
- Merci. Même si cela demande chaque année plus de temps et coûte un peu plus cher.
" (p.164)

mardi 24 février 2015

Baby-sitter blues de Marie-Aude Murail

Émilien, 14 ans, a horreur des gamins... Mais il a également besoin de sous et, en dehors du baby-sitting, il ne voit pas trop comment en obtenir. Le voici donc qui s'improvise garde d'enfants et s'en tire suffisamment bien pour se construire une belle réputation. Mais, forcément, quand tout commence à aller bien, il faut que cela se passe mal... L'humour omniprésent rend le tout bien sympathique.

Attention : il s'agit là du premier épisode d'une série de sept... L'aventure ne s'achève donc que partiellement. Un lecteur averti en vaut deux...

Baby-sitter blues de Marie-Aude Murail

Morceaux choisis :
"Je sais bien que je l'énerve à réclamer tout le temps. Mais avec 15 euros d'argent de poche par mois, je suis le smicard du collège."(p.10)

" "Je vous ai laissé le numéro de téléphone du Samu, du commissariat, des pompiers, des transfusions urgentes, des ambulances et du centre anti-poison."
J'avais dans l'idée que Mme Grumeau n'était pas tout à fait en confiance.
" (p.14)

"Devant mon Royco minut'soup à la tomate, j'ai repris les hostilités.
- Le week-end, je peux bien faire du baby-sitting ?
- Et ton travail ? Et ton volley ?
- Alors c'est non ?
- C'est non.
Je me suis servi du poisson pané surgelé Findus et j'ai dit :
- Je m'en fous. Je ferai mon casse. Comme je suis très maladroit, on me chopera. Et penses-y : trois ans de taule, ça fera très mauvais effet dans mon dossier scolaire.
- Émilien, dit ma mère entre ses dents, tu es usant... et je suis polie.
J'ai pris des pommes noisettes surgelées Vico et j'ai dit :
- Il y a longtemps que j'aurais fait une fugue s'il n'y avait pas ta bonne cuisine pour me retenir, ma petite maman.
" (p.65-66)

"- Un père te ferait marcher droit, toi.
- Les absents ont toujours tort, répondis-je." (p.66)

"- C'est quoi, "ça" ? me dit-elle enfin.
Elle venait d'effleurer ma jour délicatement bleuie.
- Je me suis acheté un boomerang. Mais je crois que j'ai mal lu le mode d'emploi.
" (p.67)

"J'ai très vite compris en apercevant Amandine pourquoi on lui avait fait une telle réputation. Ma connaissance du cœur humain (et dans ce cas précis du cœur masculin) me conduisait à penser qu'Amandine ne piquait pas vraiment les copains des autres filles. Ils venaient tout seuls." (p.81)

"À force d'entendre parler de vous sans vous voir, dit la mère d'Amandine, on finissait par se demander si vous existiez.
- Ça ne m'étonne pas, répliquai-je, il y a des jours où je me pose la même question.
" (p.82)

"J'ai vidé le congélateur et je me suis fait un dîner énorme. Calmars frits, cheeseburger, pizza aux fruits de mer. Quand Martha est partie, ma mère m'a rejoint à la cuisine. Elle a ouvert le frigo.
- C'est vide ?
- J'ai tout mangé. Les adolescents privés d'affection se vengent sur la nourriture.
" (p.91)

"Je n'avais pas osé demander mon argent de poche ce mois-là. Les affaires de maman ne marchaient pas. Elle n'en parlait pas mais elle passait souvent la main sur son front.
Un matin, j'ai vu un relevé de compte bancaire qui traînait sur la table du salon. J'ai hésité. Je me suis demandé : est-ce que je ne veux pas savoir par discrétion ou par lâcheté ?
" (p.111)

lundi 23 février 2015

Le chemin de Sarasvati de Claire Ubac

Dans la collection Médium de L'école des loisirs, Claire Ubac (que nous rencontrerons aux AIR...) relate l'aventure d'Isaï et de Muragan, deux jeunes indiens que les péripéties de la vie vont placer sur les routes de l'Inde. On les accompagne sur le chemin menant à Bombay, où les mauvaises rencontres sont légion...

Le chemin de Sarasvati de Claire Ubac

À la fin de l'ouvrage, un petit glossaire reprend le vocabulaire spécifique. Morceaux choisis :

"Ici, à Yamapuram, on parle tamoul. L'hindi était notre langue secrète à toutes les deux. [...] Nous chantions toutes les deux continuellement en travaillant. Tante cobra ne se doutait pas que nous en profitions pour communiquer.
– Ne tourne pas la tête et ne me réponds pas, chantait maman. Va chez la voisine l'aider à coudre pour le mariage de sa fille. Garde le triage des pois pour cet après-midi. Ta tante sera chez la voyante ; je t'apprendrai un hymne à Krishna.
Un peu plus tard, je modulais à mon tour :
– Maman, cache mon bol de lait caillé, Selvin se réveille de sa sieste !
" (p.35)

"Les dieux récompensent toujours la persévérance ; le problème est de savoir quand et comment ils exaucent nos prières. Leurs solutions ressemblent parfois à celles d'un gamin étourdi." (p.40)

"Je serre la main de Muragan, aussi fort que je suis d'accord avec lui. Le monde a besoin d'obéissance, mais également de désobéissance. D'obscurité, comme de lumière..." (p.121)

"Le pays peut se réjouir : la mousson vient de commencer." (p.124)

"J'aide à descendre le ballot qu'une vieille femme me désigne. Une fois les pieds par terre, au lieu de reprendre son bien, la vieille m'intime du regard l'ordre de la suivre. Je retrouve les coutumes de la campagne auxquelles je suis habituée : toute grand-mère est la tienne quand elle a besoin de toi. J’obéis donc sans discuter." (p.174)

"Ses gestes sont lents et doux, comme si elle proposait une miette à un écureuil rayé." (p.185)

"Elle habite chez une tante et ses parents lui manquent sans doute, car, bien qu'elle fasse bon accueil aux plaisanteries de ses amies, son sourire ne parvient pas jusqu'à ses yeux." (p.206)

"Qu'est-ce qu'un détective, sinon un espion de moindre envergure ?" (p.220)

"En vérité, une émeraude placée au fond d'une poubelle ne perd pas sa précieuse couleur pour autant !" (p.221)

"[Petites annonces :] Recherche assoiffé pour repêcher ma cruche en cuivre au fond du puits en échange d'eau pure ; journaliste emprunte burka à une fille musulmane pour passer inaperçue... ; Chirurgien cherche chasseurs de mouches pendant ses opérations ; Échange la recette de la soupe à la tête de poisson contre les ingrédients." (p.257)

"Je goûte la paix de ce moment. Personne au monde ne sait que je suis là [...]. Je ne devrais même pas y être. Pourtant, sans pouvoir l'expliquer, je me sens à ma juste place, exactement. Je suis une fibre de cet immense sari déployé entre le loriot qui lance son trille et Muragan endormi près de moi. Je suis cette conscience éveillée dans l'Univers !" (p.261)

samedi 21 février 2015

Le musée des confluences (3)

Suite des aventures au musée... Depuis son ouverture, je m'y suis rendu 7 ou 8 fois... De quoi voir certaines choses évoluer, d'autres pas... Et me rendre compte de quelques erreurs de ma part que je rectifie de suite : mea culpa, la carte d'accès illimitée ne s'efface pas. J'ai juste eu droit à une sorte de dépôt d'encre superficiel : le reste tient la route. Ouf ! Autre erratum : le hall d'entrée de l'édifice n'est pas surnommé “le diamant”, mais “le cristal” (et, du coup, le contribuable aura sans doute droit à un remboursement du fait de l'économie ainsi réalisée...)

J'ai pu enfin accéder aux fameuses salles 21 et 13, devant lesquelles la foule m'avait fait fuir, et je ne regrette pas d'avoir persévéré. Depuis, une autre exposition temporaire, sur la conquête de l'Antarctique, a ouvert. Il y a du bon, et du moins bon... La première bonne nouvelle, c'est que quelqu'un, quelque part, a dû actionner un interrupteur, car cela me semble mieux éclairé qu'au départ. M'habitué-je ? Je l'ignore. Ce qui est certain, c'est que dans la salle "Éternités”, l'arche qui éclaire le passage à l'entrée était éteinte lors de mes deux premières visites. Du coup, plus de risque de se prendre les pieds dans les poussettes.

Musée des Confluences de Lyon

Nous voici donc dans la salle 21, celle qui cause le plus d'attente (en dehors des ateliers destinés aux familles et qui doivent être très sympas si on aime patienter des heures devant une porte). Dès l'entrée, le visiteur est accueilli par trois demoiselles. Visiblement préhistoriques. Une maman explique à ses enfants que la "petite", c'est Lucy. Tout le monde hoche la tête et poursuit la visite. En regardant le cartel de plus près, je m'aperçois qu'il s'agit d'une reconstitution d'homo floresiensis (-18 000 ans). On est loin de l'australopithèque et de ses quelques millions d'années. Il doit être plus loin. En fait : non. En face, on a droit à deux bouts de mâchoire d'homo sapiens (-38 000 ans) et d'homo neanderthalensis (-50 000 ans environ), à de grands singes empaillés et à des lémuriens. De quoi bien conforter l'idée fausse que l'homme descend du singe, donc.

Musée des Confluences de Lyon

La grosse claque vient ensuite, et l'on oublie (presque) le manque d'australopithèques : le camarasaurus lentus, 155 millions d'années, trône au centre de la salle dont il est la pièce maîtresse. Il a l'air complet (les parties manquantes, comme les côtes, ont été discrètement remplacées par des éléments qui oscillent légèrement sous la climatisation). L'illusion est bonne.

Musée des Confluences de Lyon

Je ne suis pas zoologue, mais je crois que, là, on essaye de nous faire passer des vessies pour des lanternes... Trouverez-vous l'intrus ?

Musée des Confluences de Lyon

De jolies pièces sont présentées, comme ce stereosaurus bollensis de 180 MA. Proche du public, ce qui doit donner des sueurs froides aux conservateurs. Mais, visiblement, ça se passe bien, et, en dehors du lapin tout pourri de la salle 22 désormais protégé par une barrière (sans doute pour éviter aux enfants d'attraper à leur tour la myxomatose), on peut tout voir de près et les vitrages sont réduits.

Musée des Confluences de Lyon

Deuxième grande pièce de choix, au plafond, un mosasaurus baugei fait envisager autrement les plages marocaines du Crétacé.

Musée des Confluences de Lyon

Un ptérodactyle du Jurassique. Mais comment parvient-on donc à l'exhumer de la pierre sans l’endommager ?

Musée des Confluences de Lyon

Un des premiers vertébrés, il y a 400 MA. Heureusement qu'il y a un dessin de la bestiole présumée à côté, parce tout seul, cela n'inspire pas beaucoup...

Musée des Confluences de Lyon

Troisième belle pièce, attendue : le fameux mammouth de Choulans. Hein !? Les défenses, mal montées à l'origine, ont dû être remplacées par de vilaines imitations. Les côtes ressemblent à des bandelettes de caoutchouc. Il était mieux dans mon souvenir... Il est en revanche bien mis en valeur, avec sa salle personnelle et un socle semble-t-il métallique gravé avec soin. Au fond, une vidéo inaudible passe en boucle.

Musée des Confluences de Lyon

Un "cimetière marin" du Crétacé n'a rien à envier à une sculpture de César, finalement.

Musée des Confluences de Lyon

Plusieurs objets sont clairement indiqués comme pouvant être touchés : des moulages de crâne de rhinocéros laineux, de tarbosaure, une ammonite géante et, concession un peu populiste, un "morceau de Lune" qui est en fait un éclat de météorite. Il manque juste le petit logo inverse "Ne pas toucher" sur quelques objets tentants...

Musée des Confluences de Lyon

Le crâne de tarbosaure, justement, dans une belle résine. On est content de ne l'avoir jamais rencontré dans la nature. De nombreux postes présentent chacun une animation de 3 minutes traitant de l'évolution de la vie et destinée plutôt aux adultes (même si l'humour y est souvent "basique"). Un seul poste destiné aux enfants, dans un coin, près du mammouth, propose dans une arborescence peu intuitive 13 épisodes d'une minute chacun. Peu de chance qu'un marmot tienne jusqu'au bout... D'autant que le contenu, présenté sous la forme d'un dessin animé d'extraterrestres, est largement aussi pointu que celui destiné aux adultes.

Musée des Confluences de Lyon

Le choix a été fait par Marcel on-ne-sait-qui (mais les différents employés du musée avec lesquels j'ai pu discuter ont l'air de pointer à chaque fois les "scénographes", des entreprises auxquelles l’organisation des salles est déléguée) de mélanger origines des espèces humaines et de la vie, mythes de la création du monde, œuvres aborigènes, instruments de mesure du temps et de l'espace, œuvres d'Asie... Le "musée du XXIe siècle". Cela déboussole globalement les visiteurs (qui préféraient visiblement en majorité l’organisation du musée du siècle précédent, plus "lisible") : on en sort en ayant bien du mal à synthétiser ce que l'on a vu. En hommage à Prévert sans doute, il y a même un vrai raton-laveur naturalisé. Le rédacteur du plan présent dans le guide officiel du musée a, lui aussi, fini par s'y perdre (en inversant "Comprendre l'évolution de la vie" et "Des origines de l'Univers"...

Musée des Confluences de Lyon

Cette tête de Shiva, en grès, date du Xe siècle (Cambodge).

Musée des Confluences de Lyon

Très joliment présentée dans sa vitrine, une Shiva Nataraja danse...

J'arrête là le billet, car il y a encore tout plein de photos à mettre et que cela risque de faire exploser le vieux logiciel de gestion du blog... La suite sera pour dans quelques jours...

dimanche 15 février 2015

"Oh, boy !" de Marie-Aude Murail

Un des plus célèbres romans pour ados de Marie-Aude Murail (que nous rencontrerons aux AIR fin mai) relate les déboires de la famille Morlevent, dont le père est introuvable et dont la mère des trois derniers enfants vient de mourir. Siméon, qui doit passer son bac avec quelques années d'avance, Morgane dont les adultes oublient souvent qu'elle existe et Venise, adorable poupée de 5 ans, voient donc leur sort remis entre les mains de Laurence Deschamps, juge des tutelles qui tente de noyer son désespoir dans les tablettes de chocolat qu'elle dissimule tant bien que mal à l'intérieur des tiroirs de son bureau. Les seuls parents éloignés auxquels il est envisageable de confier la garde des enfants sont la peu sympathique ophtalmologue Josiane Morlevent et le guère fiable Barthélémy Morlevent, leur demi-frère, incapable de dire non à son petit ami Léo. Entre les deux, les trois enfants vont rapidement choisir... C'est sans compter le destin, qui s'acharne...

Oh, Boy ! de Marie-Aude Murail

Morceaux choisis :

"– C'est quoi, ce que vous faites ? demanda Bart.
Morgane expliqua :
– Nous prenons les décisions de cette façon.
– Impec, approuva Bart. Je peux participer ?
– Oui, dit Siméon. Mais les cons parlent en dernier.
" (p.62)

"Je vais te faire de la peine, Bart, mais tu n'es pas mon modèle dans l'existence." (p.93)

"C'était si proche, c'était hier. Les mots avaient encore l'air vivants." (p.119)

"[Nicolas] avait envie de penser aux Morlevent, à cette fratrie exceptionnelle et exceptionnellement frappée par le destin. Siméon. Il fallait qu'il passe son bac. C'était devenu important pour [Nicolas]. Il fallait l'amener jusqu'à cette victoire. Après ? Après... Nicolas savait qu'il y a des victoires sans lendemain." (p.145)

"– C'est une ponction de routine.
– On voit que vous êtes du bon côté de l'aiguille !
" (p. 151)

"Merci d'être entré dans ma vie sans crier gare. Merci d'en avoir changé le cours et de m'avoir changé." (p.173)

samedi 14 février 2015

Bonne nouvelle !

Voilà une couverture qui fait plaisir... Muriel Szac m'avait dit travailler dessus lorsque je l'avais rencontrée en mars dernier, à la Fête du livre de Bron. La sortie est prévue pour le 12 mars...

Le feuilleton d'Ulysse
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La Fête du livre 2015 de Bron devrait, elle, accueillir Florence Aubenas, Olivier de Solminihac, Valérie Zenatti, José Carlos Somoza (oui, l'auteur de la bouleversante Théorie des cordes – 5 ans après l'avoir lue, elle est encore dans mon Top 10 – ou de la géniale Caverne des idées !), notre cher Timothée de Fombelle... Bref, les 6, 7 et 8 mars prochains devraient être un régal !

jeudi 12 février 2015

Avec des amis comme ça...

...les bonnes gens de Béziers pourront continuer à voter tranquille.

Big brother is protecting you

Après la nouvelle définition du mot "ami" développée par Facebook, celle de Robert Ménard fait plus penser à Harry, un ami qui vous veut du bien qu'à autre chose...

mercredi 11 février 2015

"La célèbre Marilyn" d'Olivier de Solminihac

Notre abonnement Maximax de février est un court roman (72 p.) d'Olivier de Solminihac : La célèbre Marilyn.

Il n'y a qu'un garçon, dans sa classe, à faire attention à Marilyn. Le jour où il tombe malade, elle se rend compte qu'elle n'a pas d'ami. Qu'elle n'existe plus pour personne. Elle décide donc de remédier à cela en devenant célèbre.

La célèbre Marilyn

A-t-on besoin d'être célèbre pour exister ? (Tiens, ça me rappelle l'instance avec laquelle une journaliste de TF1 voulait venir faire un reportage dans notre école, sans parvenir à comprendre qu'en fait, nous, cela ne nous intéressait pas...) En cette période où la nabilasation (fait de devenir célèbre sans raison : "T'es une fille et t'as pas de shampooing ? Non mais allô, quoi !") est facilitée par Youtube, aborder ce thème (peu traité en soi dans la littérature de jeunesse, d'ailleurs) est salutaire. De bons échanges avec les élèves en perspective... D'autant que certains détails font mouche, comme le fameux "Lionel Hénon", joueur de foot de l'école à l'aura indescriptible qui est une marque à lui tout seul alors que les autres s'appellent simplement par leur prénom, ou encore la référence à "la classe dont on n'a jamais su le nom" (p.52).

Morceaux choisis :

"Comme j'avais faim, l'après-midi a été long. Ou l'après-midi a été longue, je crois qu'on peut dire les deux. De toute façon, j'avais tellement faim que l'après-midi a été à la fois long et longue." (p.16)

"– Tu crois qu'on peut exister sans rien faire ?
– Mmm... oui. Maintenant on ne fait rien. On existe quand même. Mais on ne peut pas exister tout seul. On doit exister pour quelqu'un.
– Tu existes pour moi, j'ai dit.
Elle a fait un mouvement de la tête, qui pouvait vouloir dire non.
– Ça ne suffit pas, a dit Marilyn. J'ai besoin de plus.
” (p.37)

"– Bonne nuit, chef.
– Attends, juste une question. Qu'est-ce qu'ils sont devenus, tous ces sports ?
– Devine, a dit papa.
Ce qui était la dernière chose à dire s'il voulait que je m'endorme. L'énigme est le contraire du sommeil. Conséquence, j'ai passé une partie de la nuit à me creuser la tête en nous imaginant, Marilyn et moi, gagner la Coupe du monde de trottinette américaine.
" (p. 40-41)

"Ce sont les vacances d'hiver, celles entre toutes que j'aime le moins parce qu'on ne va jamais au ski, parce qu'on ne va jamais nulle part en février, parce qu'il fait froid et moche, parce que ça ressemble à quand on est malade, en moins bien." (p.60)

dimanche 8 février 2015

QCM 2.0

Une jolie découverte, facilitée par Lois, grâce à l'excellent site de Charivari : Plickers. Pour faire court, il s'agit d'une application gratuite pour smartphone (iphone ou android) qui permet de valider instantanément et de façon nominative la réponse à un QCM d'un groupe pouvant aller jusqu'à 63 élèves.

Plickers

Comme le laisse apparaître la capture d'écran ci-dessus, chaque élève possède une carte personnelle, imprimable depuis le site de l'éditeur. Un questionnaire, élaboré au préalable et planifié sur le site Web de Plickers, s'affiche, question par question, piloté depuis le smartphone, sur le vidéoprojecteur (pas indispensable, mais très pratique).

Plickers

Pour répondre, chaque élève doit présenter sa carte "QR Code" face au smartphone, tout en veillant à l'orienter en fonction de sa réponse. Une lettre (ABCD) est discrètement imprimée sur chacun des côtés du code carré. Il suffit de placer la lettre correspondant à la réponse choisie en haut. Le smartphone affiche instantanément les réponses ; l'écran vidéoprojeté affiche, lui, le prénom de ceux qui ont répondu, sans indiquer leur choix (à moins qu'on le lui demande).

Plickers

Avant la validation finale par le biais du smartphone, un changement de réponse est toujours possible (tant pis pour celui qui laisse retomber latéralement son carton...)

Plickers

Il est ensuite possible de visualiser rapidement chacune des questions du QCM pour refaire le point collectivement.

Plickers

Une belle idée, toujours en cours de développement, aussitôt adoptée par l'ensemble des élèves (dont je subodore qu'ils doivent avoir du mal à faire comprendre en quoi elle consiste, une fois de retour à la maison). On reste dans du QCM, avec les limites de l'exercice, mais c'est pratique, rapide et motivant... et beaucoup moins onéreux que les coûteux boîtiers de vote que j'ai pu tester il y a une dizaine d'années...

dimanche 1 février 2015

"3000 façons de dire je t'aime" de Marie-Aude Murail

Le numéro de novembre dernier de l'abonnement Médium de L'école des loisirs consistait en ce beau roman de Marie-Aude Murail, auquel j'ai enfin pu me consacrer. Loin de ce que titre pourrait laisser craindre, nous avons là une belle histoire d'amitié et d'amour qui amène trois adolescents, Chloé, Bastien et Neville, à découvrir puis se prendre de passion pour le théâtre, sous la direction de Jeanson, leur professeur. De nombreuses citations, et quelques belles perles qui font éclater de rire rendent le tout particulièrement plaisant. On notera une bizarrerie dans la narration, qui alterne entre omniscience et première personne du pluriel.

3000 façons de dire je t'aime

Morceaux choisis :

"Elle en arriva un jour à citer le ténébreux psychanalyste Jacques Lacan :
- L'amour, c'est donner ce qu'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas.
- Eh bien, c'est gai, conclut Chloé." (p.27)

"Chloé, qui avait rêvé de faire pleurer ses parents en mourant sur scène, fut complimentée pour son talent comique par le jury du baccalauréat. Madame Gillain avait donc raison, la vie est un malentendu." (p. 28)

"Affalés dans un canapé, ses parents regardaient Jacques Villeret se démener au beau milieu du Dîner de cons. La tristesse saisit Bastien à la gorge sans crier gare. Il la délogea en secouant la tête et partit s'enfermer dans sa chambre. Il ferait rire. C'était sa vocation. Il ferait rire les gens fatigués qui s'affaissent le soir devant leur télé, la zapette à la main." (p.48)

"Il ne comprenait pas d'où lui venaient ces émotions. Étaient-elles contenues dans les mots couchés sur le papier ? Ou bien avait-il dans son cœur un réservoir de haine et de souffrance, quelque chose d'effrayant comme une envie de tuer ?" (p.62)

"– Je ne suis pas là pour vous tourmenter [leur dit leur professeur de théâtre] Enfin... si, un peu. Il faut bien que j'aille vous chercher où vous êtes. Les escargots, on les sorts avec une pique." (p.69)

"Neville jouait son rôle en restant sur place, semblable aux acteurs d'autrefois qui faisaient le sémaphore face au public, la main au front pour exprimer le désespoir, au cœur pour dire j'aime et au loin pour dire adieu." (p.115-116)

"- Il est amoureux de qui, Chérubin ? voulut savoir Clélia. De Suzanne ou de Fanchette ?
- Des deux, répondit Neville. Et de sa marraine, la belle comtesse.
- Mais on ne peut pas être amoureux de trois personnes à la fois ?
- Si. C'est la puberté.
- Ah ? fit Clélia, décidément intéressée." (p. 118)

"- Il faut que tu apprennes ton rôle.
- Je commence à le savoir, éluda Bastien.
Personne, pas plus Neville que Jeanson, ne le contraindrait à travailler. Ou ce serait l'effondrement de sa personnalité." (p.120)

"Nous étions pris de la même fatigue, nous nous sentions bien, la tête toute sonore de ces phrases que nous venions de dire et qui ne nous appartenaient pas." (p.134)

"Le monsieur de Bellac : Dites-leur qu'ils sont beaux.
Agnès : Leur dire qu'ils sont beaux, intelligents, sensibles ?
Le monsieur de Bellac : Non ! Qu'ils sont beaux.
C'était le secret. Dire aux hommes, à tous les hommes, y compris les laids, les bancals, les pustuleux, les huissiers, qu'ils sont beaux.
Agnès : Ils ne le croiront pas.
Le monsieur de Bellac : Tous le croiront. Ils le croient d'avance." (p.155 - extrait de L'Apollon de Bellac de Jean Giraudoux)

"Le lendemain, Bastien, qui avait à se faire pardonner, obtint l'adresse de Jeanson en usant de ses charmes auprès de la concierge du conservatoire.
- Et j'ai du mérite. J'aime pas trop la moustache chez une femme." (p.172)

"Mais tu n'es pas ton spectateur ! Tu dois t'observer de l'intérieur, pas de l'extérieur. Autrement, tu vas devenir comme ces acteurs qui font les mêmes gestes au même endroit à la même heure, qui gargouillent "arg" avant de mourir et se couvrent les yeux de la main pour indiquer qu'ils sont en train de pleurer. (p.179)

"– Ils sont partis. Je suis libre !
– Libre ? fit Neville en écho. On est toujours libre aux dépens de quelqu'un. C'est ennuyeux, mais c'est normal.
– C'est dans Caligula, expliqua Bastien à Chloé. Nous parlons le Caligula à longueur de journée." (p.200-201)

"Tu ne dois pas chercher en toi le texte, mais uniquement le sentiment qui te pousse à le dire. Que les mots te montent aux lèvres parce que tu ne peux plus les retenir." (p.209)

Si ça ne donne pas envie de se replonger dans ses classiques, tout ça... ;o) L'auteure, qui en est consciente, a gentiment regroupé les références en fin d'ouvrage.