Quoi de neuf ?

lundi 12 janvier 2015

Et un sourire

....................La nuit n’est jamais complète
....................Il y a toujours puisque je le dis
....................Puis que je l’affirme
....................Au bout du chagrin une fenêtre ouverte
....................Une fenêtre éclairée
....................Il y a toujours un rêve qui veille
....................Désir à combler faim à satisfaire
....................Un cœur généreux
....................Une main tendue une main ouverte
....................Des yeux attentifs
....................Une vie la vie à se partager

........................................Paul Éluard

mercredi 26 novembre 2014

L'école García Lorca dans Le Monde de ce mercredi

Nous avons reçu il y a quelques jours la visite d'un journaliste qui écrivait un article pour le dossier éducation du Monde daté de ce mercredi. C'est mon collègue Nicolas Vallot qui lui a présenté sa classe...

Le Monde à l'école Garcia Lorca
Chez tous les bons marchands de journaux... :o)

lundi 24 novembre 2014

Bibliographie de Sophie Chérer

Comme je l'indiquais il y a quelques temps, les mises à jour du site se sont raréfiées, car le projet "Graines de lecteurs" des Assises Internationales du roman incite à lire beaucoup... Je ne m'en plains pas ! Cette année, les auteurs de littérature de jeunesse conviés sont Sophie Chérer, Claire Ubac, Aurélien Loncke et Marie-Aude Murail. C'est avec Sophie Chérer que nous allons plus particulièrement travailler, et nous aurons le plaisir de la recevoir fin janvier dans la classe. Je mets donc en ligne ce jour une nouvelle entrée "Chérer" dans le sommaire de gauche, qui reprend l'essentiel de la bibliographie de cette auteure, dont nous dévorons les romans depuis deux mois.

AIR 2015 - Réception des ouvrages
Cliquez sur la photographie pour accéder à la bibliographie.

Avec son accord, j'ai ajouté les... 309 citations que j'ai collectées au fur et à mesure de ma lecture de ses 40 ouvrages... Lorsque nous en lisons un, je propose ensuite aux élèves de choisir une ou plusieurs citations, qu'ils illustrent ensuite et conservent dans un petit livret personnel.

Parfois [...] on a le sentiment, oh, qui s'en va très vite, d'être en train d'accomplir ce pour quoi on était fait, de toute éternité, de se retrouver soudain à sa place. Vois-tu, c'est comme un clou. Un clou planté quelque part est parfaitement bien à sa place, il tient les choses autour de lui, il se tient lui-même, tout le destinait à occuper cette minuscule surface du mur ou de la porte, à porter tel tableau, tel vêtement ou tel outil. Mais pour en arriver là, mon clou a dû recevoir des coups et des coups, parfois très répétés, et ces coups ne cessent de résonner, de tonner en lui quand tout paraît calme et rangé. Et le pire, c'est que jamais le clou ne saura ni ne récoltera rien des bienfaits de l'ordre et de l'harmonie qu'il a permis. On ne le remarquera même pas, on ne saura plus qu'il est là. La paix de tout un pan de mur est au prix des tourments du clou.
Sophie Chérer
Le dimanche des réparations (p.193)

NB : en cas de souci d'affichage de la page bibliographique, faites rouler la molette de votre souris en maintenant le bouton "Ctrl" enfoncé...

mardi 2 septembre 2014

Publication de L'école des barricades, de Grégory Chambat

C'est un ouvrage sur une face cachée de l'Histoire de l'école que publient ces jours-ci et m'ont envoyé les éditions Libertalia, dans la collection "N'Autre École". Dans L'école des barricades, Grégory Chambat, qui coanime la revue pédagogique de la CNT, reprend et met en perspective vingt-cinq textes publiés depuis 1789.

En introduction, l'auteur cite tous les pédagogues que le format de la collection (240 p.) ne lui a pas permis d'inclure. Ils sont nombreux, et fourniraient aisément matière à rédiger deux ou trois tomes supplémentaires sur le même modèle : huit pages par auteur(e), consacrées pour moitié à la présentation de la façon dont celui ou celle-ci a œuvré pour transformer école et société, et pour moitié à l'un de ses textes. Le choix nécessaire n'en donne que plus de valeur aux pédagogues et textes retenus.

L'anthologie débute avec Charles Fourier et Joseph Jacotot et nous emmène jusqu'aux travaux actuels de Laurent Ott, Noëlle de Smet, Charlotte Nordmann… Fernand Pelloutier, Francisco Ferrer, Albert Thierry, Madeleine Vernet, Janusz Korczak, Célestin Freinet, Simone Weil, Fernand Oury côtoient les écoles kanak et zapatistes. Tous ont pour point commun de se pencher sur l'articulation entre école et société, et de mettre en place des dispositifs visant à permettre aux élèves de s'affranchir de certaines des contraintes sociales. Cela ne va jamais sans lutte : contre le politique, contre l'institution, mais aussi parfois contre les attentes des collègues ou des élèves eux-mêmes…

L’école des barricades
Cliquez sur la couverture pour accéder à la présentation de l'ouvrage sur le site de l'éditeur (10 €).

Louis Léger observait en 1910, dans L'école émancipée, qu' "une société a l'école qu'elle mérite". La richesse des œuvres présentées dans L'école des barricades ne peut que renforcer l'impression que l'école, elle, mériterait une meilleure société… Un petit ouvrage de valeur qui éclaire d'un jour nouveau certaines images d’Épinal trop souvent associées, par exemple, à l'Histoire de l'école de la troisième République... On perçoit aisément l'actualité de certains combats, loin d'être dépassés malgré leur âge.

Sommaire
Introduction : tous les livres sur l'école ne racontent pas la même histoire
I. Charles Fourier : éduquer pour un nouveau monde
II. La révolution de Jacotot
III. L’école-atelier de Proudhon
IV. Bakounine, l’éducation intégrale et sociale
V. Et la Commune inventa l’école du peuple
VI. Fernand Pelloutier : « Instruire pour révolter »
VII. Francisco Ferrer : une école de combat
VIII. Quand les « maîtres » rêvaient aussi de s’émanciper !
IX. Albert Thierry et la pédagogie d’action directe
X. De Paul Robin à Madeleine Vernet : un autre futur social
XI. Korczak : la pédagogie au jour le jour
XII. Helena Radlinska : aux sources de la pédagogie sociale…
XIII. Freinet, un engagement social et syndical
XIV. Espagne 36 : l’école dans la révolution
XV. Simone Weil et l’éducation ouvrière
XVI. La pédagogie institutionnelle : insurrection contre l’institution ?
XVII. De la révolution pédagogique à la révolution sociale ? L'année 68
XVIII. Les collèges et lycées autogérés, oser une autre école ?
XIX. Les Écoles populaires kanak, une révolution éducative ?
XX. Petites écoles zapatistes : la rébellion éducative
XXI. Laurent Ott : hors les murs, la pédagogie sociale
XXII. L’école des réac-publicains
XXIII. Noëlle De Smet, pédagogique, donc politique !
XXIV. Charlotte Nordmann : contre la fabrique de l’impuissance
XXV. N’Autre École : lutter, pratiquer et réfléchir
Conclusion
Bibliographie

mercredi 23 juillet 2014

Des lauriers pour Momo de Yaël Hassan

Le dernier tome de la trilogie des "Momo" nous amène à découvrir (un petit peu) l’internat d'excellence de Sourdun. Le fil rouge est la façon dont se font et se défont les amitiés, du fait de l'éloignement.

Des lauriers pour Momo
Cliquez pour accéder à l'ouvrage sur le site de la Fnac.

Comme pour le tome précédent, le début du roman rappelle les événements précédents (et est donc plus adapté à une lecture étalée dans le temps qu'à un marathon successif). On trouvera au passage une très belle lettre de motivation...

mardi 22 juillet 2014

Momo des coquelicots de Yaël Hassan

Nous retrouvons Momo, le petit prince des Bleuets, une année plus tard. Un terrible drame touche sa famille ; en l'absence de son père, son grand frère Ahmed estime que la place de chef de famille (et de donneur de claques tous azimuts) lui revient de droit. Va-t-il parvenir à faire régner la terreur auprès de sa mère, de ses frères et de ses sœurs ? Sans compter qu'une restructuration de l'habitat risque bien de les faire expulser...

Momo des coquelicots
Cliquez pour accéder à l'ouvrage sur le site de la Fnac.

Une nouvelle fois, Yaël Hassan parvient à aborder franchement des thèmes particulièrement difficiles et délicats avec finesse et doigté : chapeau bas ! Un gag récurrent lié à la progression de Momo dans les mots du dictionnaire qu'il a décidé d'apprendre est du plus bel effet.

lundi 21 juillet 2014

Momo, petit prince des Bleuets de Yaël Hassan

Voilà qu'en furetant sur les commentaires des clients d'Amazon et de la Fnac au sujet des ouvrages des listes mises en ligne le 14 juillet, je suis tombé sur cette pépite dont, mea culpa, j'ignorais l'existence. Comment ai-je pu passer à côté jusqu'ici ? Les notes et les avis dithyrambiques sont amplement mérités...

Momo, petit prince des Bleuets
Cliquez pour accéder à l'ouvrage sur le site de la Fnac.

Momo habite dans la cité des Bleuets, mais, de bleuets, il n'y en a pas. Il prévoit de s'ennuyer cet été, et de traîner plus ou moins en tâchant d'éviter les claques de son grand frère. Mais voilà que la directrice de l'école – chose jamais vue – se pointe chez lui un papier à la main. Papier qui va l'entraîner dans une aventure littéraire et humaine qu'il serait dommage de divulguer ici.

L'ouvrage de la rentrée sera, comme il se doit (c'est-à-dire tous les trois ans pour que cela reste de l'ordre du "don"), Joker de Susie Morgenstern, application à la clé (cf. le sommaire de gauche). Se pose maintenant à moi le dilemme suivant : Momo sera-t-il le deuxième ou le troisième livre que nous lirons en septembre ? A priori, je pencherais pour le troisième, car il est sans doute bon d'avoir découvert Saint-Exupéry avant...

Deux autres aventures de Yaël Hassan permettent de prolonger notre lecture de la vie de Momo...

dimanche 20 juillet 2014

La guerre des dictionnaires

Chaque année, au moment de la sortie des dictionnaires, j'en profite pour vérifier si une petite incohérence que j'ai repérée et signalée il y a une dizaine d'années a été rectifiée. Toujours pas...

Grisou dans le Larousse
Le mot grisou dans le Larousse 2015.

grisou n.m. (mot wallon). Gaz méthane qui se dégage dans les mines de charbon et qui, mélangé avec l'air, explose au contact d'une flamme (coup de grisou).

Grisou dans le Robert
Le mot grisou dans le Robert illustré 2015.

grisou n.m. (forme wallone de [feu] grégeois) Gaz inflammable qui se dégage des mines de houille et explose au contact de l'air. - Coup de grisou : explosion de grisou. adj. grisouteux, euse

Dans l'un il apparaît qu'une flamme est nécessaire au déclenchement d'un coup de grisou, dans l'autre l'explosion peut avoir lieu spontanément. Il semble que soit Monsieur Larousse qui ait raison.

samedi 19 juillet 2014

Boîte à outils pour écrivains en herbe de Marianne Henriet

Un grand merci à Iza pour ce beau cadeau : La boîte à outils pour écrivains en herbe de Marianne Henriet.

Brèves d'Histoire
Cliquez pour accéder à l'ouvrage sur le site d'Amazon.

Ce petit opuscule de 64 pages est un recueil de moments choisis au cours desquels une prof de Français aide ses élèves collégiens à prendre un peu de pouvoir sur leur langue. Sa géniale ruse didactique pour leur faire saisir l'intérêt de construire un plan avant d'écrire, une introduction et une conclusion laisse pantois... et ne donne qu'une envie : la tester en Primaire ! Quand au reste : figures de style, techniques pour éviter le hors sujet, usage des temps de la Conjugaison... On a effectivement affaire à une boîte à outils aussi intelligente que la couverture de l'ouvrage est belle.

vendredi 18 juillet 2014

Brèves d'Histoire

Dans un certain nombre de documents d'époque, la grande Histoire rencontre de petites histoires. C'est ce que l'on ressent, par exemple, en parcourant la loi salique : on imagine aisément les situations (parfois tristement comiques) qui ont entraîné la rédaction de certains articles. Exemples :

"Quiconque aura coupé la queue d’un cheval sans le consentement du maître, et aura avoué le fait, devra payer la valeur du cheval." (LXVIII 1)

"Quiconque aura appelé un autre homme, infâme, sera condamné à payer 600 deniers, ou 15 sous d’or. S’il l’a appelé merdeux, il sera condamné à payer 120 deniers, ou 3 sous d’or. S’il l’a appelé fourbe, il sera condamné à payer 120 deniers, ou 3 sous d’or. S’il l’a appelé poltron, il sera condamné à payer 240 deniers, ou 6 sous d’or." (XXXII 1-4)

"Quiconque aura coupé la chevelure d’un jeune garçon, sans la participation de ses parents, sera condamné à payer 1.800 deniers, ou 45 sous d’or. " (XXVI 2)

Brèves d'Histoire
Cliquez pour accéder à l'ouvrage sur le site de la Fnac.

Patrice Beck et Philippe Bernardi, historiens, ont eu l'idée de collecter et de publier quelques unes des nombreuses petites histoires dont ils prennent connaissance lors de l'étude de documents, mais dont ils ne peuvent rendre compte car elles n'entrent généralement pas dans le sujet de leur recherche et ne serviraient pas leur propos. Voici donc, dans un beau petit ouvrage imprimé sur papier de qualité et vendu 5 euros (!?), près de 70 textes touchants, systématiquement accompagnés de leur référence précise. En voici un (p.81) :

"Les sauvageons
Chemnitz, 1496

Sera puni d'une amende d'un Groschen tout apprenti cordonnier qui se livre à des paris d'argent, joue aux dés, se dispute, mange et boit plus que de raison, va chercher seul et sans permission sa bière au comptoir ou invite sans autorisation une femme à danser, lance des aliments à travers l'auberge, monte sur la table, n'apporte pas sa bougie, commande un autre plat que celui autorisé par les Anciens, passe par une auberge après un enterrement, ne se rend pas à l'étuve le jour du bain fixé toutes les deux semaines."

Comme quoi, les problèmes avec les ados ne datent pas d'hier ! ;o)

lundi 14 juillet 2014

Deux listes de lecture

Les profs de Français sont toujours de bon conseil, quand il s'agit de lecture... Une mère d'élèves désespérée (tout était déjà parti, ou presque, dans la librairie où nous étions...) m'a permis de photographier les listes proposées par les enseignants du collège Bellecombe de Lyon 6e... J'espère qu'ils ne m'en voudront pas de diffuser leurs bonnes idées... :o)

Liste de lecture des sixièmes du collège Bellecombe de Lyon 6e
Cliquez pour afficher la liste de 6e.

Liste de lecture des cinquièmes du collège Bellecombe de Lyon 6e
Cliquez pour afficher la liste de 5e.

dimanche 25 mai 2014

"Le petit maître" d'Alain Delacour

La section pédagogie de la Fnac Lyon-Part-Dieu est à pleurer (deux maigres rayonnages, à dix et quarante centimètres du sol, pour les motivés). Bon, l’intérêt, c'est que les nouveautés sont, de fait, mises en valeur puisqu'elles trônent à plat à portée de main des gens qui ne se baissent pas... C'est ainsi que j'ai feuilleté puis suis sorti du magasin avec Le Petit Maître d'Alain Delacour. L'auteur, écrivain public, y relate une série de conversations téléphoniques qu'il aurait eues avec un garçon du huit ans, désireux "d'apprendre des choses aux grandes personnes".


Cliquez sur la couverture pour accéder à l'ouvrage sur Amazon.

L'idée est sympathique, même si le chapitrage et certaines répétitions donnent l'impression que ce roman est constitué d'une série de chroniques publiées dans une revue. Je ne souscris pas à tout (en particulier à une sorte de délire new age en fin d'ouvrage sur les "couleurs", le manichéisme un peu facile et le lien des enfants avec un passé invisible qui serait oublié ensuite)... Non, la richesse du texte est ailleurs : celui-ci initie un questionnement sur la classe qui tombe pile-poil au moment où l'on envisage les aménagements de l'année prochaine, les projets dans lesquels il faudrait se lancer et que l'on n'aura pas l'occasion de mettre en place d'ici début juillet... Et puis il peut constituer une petite piqûre de rappel pour celles et ceux qui ont lu Le Jour où j'ai commencé à aimer l'école. Voici, ci-dessous, quelques extraits que j'ai notés...

"C'est pas parce que tu t'embêtais à l'école qu'il faudrait que nous, aujourd'hui, on s'y embête." (p.37)

"À l'entendre parler, de lui et de ses camarades, j'ai l'impression que les enfants d'aujourd'hui sont différents de ceux de ma génération. Ils paraissent moins dociles, plus éveillés, plus dynamiques, plus créatifs. Plus spontanés aussi : j'ai l'impression qu'ils disent des choses que nous n'aurions jamais osé dire il y a vingt ou trente ans. S'ils sont tellement différents, ce n'est pas étonnant que les méthodes éducatives qui marchaient à peu près quand j'allais à l'école, ne fonctionnent plus vraiment aujourd'hui. Elles sont loin d'avoir évolué à la même vitesse que les enfants." (p.38)

"Elle a un truc génial pour nous aider à progresser. Des fois, au lieu de nous faire faire une dictée, elle écrit au tableau un texte avec plein de fautes. Eh ben je peux te dire, quand c'est la maîtresse qui les fait les fautes, on les voit tout de suite." (p.43)

"On joue aussi au Scrabble ou au Diamino." (p.44)

"Un jour, après leur exposé, des élèves-prof ont proposé de faire une interro." (p.48)

"D'abord, tu commences par rédiger un énoncé. Quand t'as fini, tu le montres à la maîtresse. Si c'est trop facile ou trop difficile, elle t'aide à changer des choses. Quand c'est bon, tu vas écrire au tableau l'exercice que tu as inventé. Les autres, ils doivent marquer le résultat sur leur ardoise et te le montrer." (p.49)

"Je serais curieux de savoir ce qu'il y avait comme promesses dans vos programmes.
– C'était du style : "On téléphonera aux élèves malades le soir pour savoir comment ils vont [...]."
(p.65)

"Tous les jours, avant la fin de la classe, t'as un élève qui dit ce qu'on doit mettre dans nos cartables pour faire nos devoirs à la maison." (p.74)

"Quand elle rend les copies, elle met toujours deux notes : une note de correction et une note de progression." (p.104)

"C'est vrai qu'on a tendance à s'imprégner de l'état émotionnel de la personne, ou "des" personnes, en présence desquelles on se trouve. C'est vrai pour les adultes, mais sûrement davantage encore pour les enfants. Ça peut être instructif, d'ailleurs : quand nos enfants sont énervés, ça peut nous aider à nous rendre compte qu'on l'est nous-mêmes." (p.114-115)

"Qu'est-ce que tu veux, nous vivons dans un monde matérialiste. On aime bien être entourés d'objets. Sans doute ont-ils une fonction rassurante pour les grandes personnes. Un peu comme les doudous ou les jouets pour les petits enfants." (p.116)

"À nous, les parents, les enseignants, d'aider ces dons à se révéler." (p.166)

J'ajouterai que l'épisode des additifs alimentaires (p.60) a certainement initié une recherche que nous avons faite en classe récemment sur les ingrédients d'une immonde soupe de vermicelles aux crevettes que nombre d'élèves dévorent quotidiennement crus en guise de... goûter. 17 additifs, dont 8 qualifiés de toxiques à très toxiques...

Le petit maître, Alain Delacour, Éditions Le Souffle d'Or, Collection Naître et grandir, 184 p., mai 2014, 12,50 €, ISBN 978 2840058511 4

dimanche 27 avril 2014

Le Journal malgré lui de Henry K. Larsen, par Susin Nielsen

Une nouvelle belle découverte dans la bibliothèque municipale... Un roman vivement conseillé par la bibliothécaire qui venait de nous présenter de superbes albums sur la Première Guerre mondiale.

Il ne faut point trop en dire car la découverte progressive du sujet est un des ressorts essentiels de l'intrigue. Henry et sa famille ont vécu un terrible drame. Les répercussions sont telles qu'ils ont été amenés à déménager... Mais l'anonymat retrouvé ne suffit pas à régler les problèmes, loin de là. Voici donc Henry confié aux bons soins d'un psychologue miteux qui lui remet un cahier et lui conseille de ne pas hésiter à écrire dedans, en particulier "les jours où ça va mal". Mais Henry n'écrira pas dedans. En rentrant, il le flanque à la poubelle. Puis bon, d'accord, il retourne le chercher un peu plus tard, mais c'est uniquement parce qu'il s'ennuyait...


Cliquez sur la couverture pour accéder à la page de l'ouvrage à la Fnac.

Un roman pour ados mémorable, qui se lit d'une traite. Le sujet, qui pourrait aisément tomber dans le pathos, brillamment traité (et brillamment traduit), parvient régulièrement à nous tirer des éclats de rire.

Voici quelques morceaux choisis, que j'ai notés au fil de ma lecture... Ils ne dévoilent pas d'élément-clef de l'intrigue (au besoin, grâce à de petites coupes, indiquées) :

"Aujourd'hui, pour notre troisième séance [avec le psy Cecil], il portait encore un tee-shirt tie-and-die, violet cette fois. Dis donc, Cecil, j'ai eu envie de lui dire, les années soixante ont appelé, elles voudraient récupérer leur look !." (p. 5)

"Il y a des gens, on leur donne la main, ils vous prennent tout le bras. [X.] et [Y.] sont exactement ces gens-là. Leur solitude est comme un pet foireux : on la sent à des kilomètres. [Z.] et moi, nous partageons une solitude d'un genre différent. Le genre qu'on éprouve même quand on est entouré de monde, parce qu'on sait que quelque chose, ou quelqu'un, vous manque. Les autres esseulés ne peuvent pas combler ce vide. Les autres esseulés ne font que vous rappeler à quel point vous êtes déjà seul. Les autres esseulés ne font qu'aggraver les choses." (p. 39-40)

"Est-ce que ce ne serait pas génial si on pouvait écrire le scénario de sa propre vie ? Je suppose qu'il y aurait beaucoup moins de suspens qu'au cinéma. Mais au moins on pourrait s'écrire un happy end." (p. 45)

"LE SAVIEZ-VOUS ? Les animaux les plus venimeux de la Terre sont souvent les plus colorés. Pourquoi ? Parce qu'ils veulent être vus. Ainsi, les prédateurs n'ont qu'à en manger un ou deux avant que leurs copains se disent : "Attends un peu. Si je boulotte cette grenouille dendrobate / ce serpent corail / ce papillon monarque, je vais connaître une mort très douloureuse, comme mon pote Bob !" Et très vite, tout le monde sait qu'il vaut mieux les laisser tranquilles. [W.] est une version humaine de la grenouille dendrobate. On ne peut que la remarquer ; mais on ne tarde pas à apprendre qu'elle est toxique." (p. 52)

"Savez vous ce que sentent les pets des clowns ? Ils sentent drôle."(p. 86)

"LE SAVIEZ-VOUS ? Les cafards existent depuis environ trois cent cinquante millions d'années. Ils survivent à tout, même aux bombes nucléaires. Et s'en débarrasser est extrêmement difficile. [V.] est mon cafard personnel à moi." (p. 102)

"Si Dieu ne voulait pas qu'on mange des animaux, il ne les aurait pas faits en viande." (p. 104)

"Enfin, la porte du cabinet s'est rouverte et le Dr Duschnock est sorti. Il est hyper grand - genre un mètre quatre-vingt-quinze -, mince, avec des cheveux blonds clairsemés. Le genre de visage qui ne révèle rien, ce qui est sans doute très bien quand on est psychiatre, mais très bien aussi quand on est tueur en série." (p. 162)

"Je regrette que nous n'ayons pas trouvé en premier notre dernière idée." (p. 173)

"Et là, elle a embrassé [V.] sur la bouche, comme ça, devant moi. Il y a des hôtels pour ça, ai-je eu envie de leur dire." (p. 191)

samedi 29 mars 2014

S. (ou Le bateau de Thésée) par J.J. Abrams et Doug Dorst...

... à moins que ce ne soit par V.M. Straka.

Il existe des livres-objet, là nous avons affaire à un livre-objets, aux multiples niveaux de lecture. Le bateau de Thésée se présente comme un ouvrage de bibliothèque, ultime roman du très mystérieux V.M. Straka.


Cliquez sur le boîtier pour accéder à la page de l'ouvrage à la Fnac.

Il y est question de S., un homme sans passé, sans identité, entraîné malgré lui au delà des mers dans une lutte sans fin entre les agents du magnat de l'industrie de l'armement Vévoda et d'inlassables résistants. L'histoire est accompagnée des notes de bas de page de sa traductrice, F.X. Caldeira, parsemées de codes secrets. Le livre en lui-même sert de support d'échanges, de débats et de découverte mutuelle entre deux étudiants, Jen et Eric, passionnés par les énigmes qui entourent le fameux V. M. Straka et par les controverses qu'il suscite. À l'intérieur des pages, ceux-ci ont inséré de nombreux objets (lettres, coupures de journaux, cartes postales, plan tracé sur une serviette en papier, roue de décodage, etc.), objets qui sont autant d’indices permettant au lecteur final de reconstituer, au moins partiellement, leur histoire. Le tout donne un bel ouvrage de près de 500 pages qui, par sa complexité, bouleverse nos habitudes de lecture (on ne peut d'ailleurs pas le lire couché car "tout tombe" !)

Le titre du roman fait référence à un paradoxe philosophique, celui du bateau de Thésée, qui aurait été conservé par les Athéniens. Au fil des décennies, certains éléments vermoulus auraient dû être remplacés à l'identique. Mais, si l'on change ne serait-ce qu'un clou ou une planche du bastingage, est-ce toujours le bateau de Thésée ? A priori, on répond oui... Et si l'on en change deux ? Toujours... Arrive le moment où l'on effectue le remplacement du dernier élément d'origine de ce que l'on considère encore comme étant le bateau de Thésée. Est-ce toujours son bateau ? Pourquoi ne le serait-ce plus alors que, jusqu'alors, la modification d'un seul élément ne remettait pas en cause son identité ?

Et si l'on imagine qu'au lieu d'être jetés les éléments vermoulus d'origine retirés du bateau ont été conservés et utilisés pour reconstruire un second bateau. On se retrouverait alors avec deux bateaux de Thésée ? La question de l'identité d'une personne et de sa permanence au fil du temps est omniprésente dans les interrogations du personnage principal et des deux étudiants qui correspondent dans les marges de l'ouvrage.

Une lecture qui restera en mémoire pour un prix très raisonnable (moins de 25 euros) étant donnés le caractère complexe de l'édition de cette œuvre (fac-similé tout en couleur, nombreux objets insérés) et la qualité du papier. Bravo aux auteurs et une pensée particulière pour les deux traducteurs Serge Filippini et Jean-Noël Chatain, qui ont dû vivre un véritable enfer. Celles et ceux qui le souhaitent peuvent prolonger leurs recherches à l'aide des nombreux sites Web et forums que cet ouvrage a inspirés.


Cliquez sur la miniature pour agrandir la photo.

Au cas où vous craindriez que votre exemplaire soit incomplet ou qu'une erreur d'inattention vous ait conduit à déplacer les objets insérés dans l'ouvrage, voici la liste imprimable des éléments ajoutés ainsi que leur emplacement dans mon livre. J'ai vérifié auprès des services (efficaces) de l'éditeur : cette liste est exhaustive.

Voici quelques morceaux choisis, que j'ai notés au fil de ma lecture :

"Deux fois par jour, un pauvre diable est jeté par-dessus bord dans les basses eaux de la rade et rejoint les quais à la nage, en quête d'un verre, d'une putain, et d'un nouvel employeur, sans doute dans cet ordre." (p. 16)

"La dernière chose dont un homme sans souvenirs a besoin, c'est de s'en faire de nouveaux." (p. 45)

"S'il pouvait se reposer, rassembler ses forces, alors il arriverait à décider laquelle de ces options conviendrait le mieux. Il serait alors en mesure de choisir la chose à faire au lieu de simplement la faire." (p. 73)

"Pour les gens comme Vévoda, la bonté est une ressource exploitable, comme le charbon ou le zinc." (p. 84)

"Ce n'est pas une route très fréquentée ; elle l'a été un jour, il y a des siècles, mais elle ne l'est plus - routes et chemins de fer ont emmené les gens dans d'autres directions."(p. 128)

"Une bénédiction de son amnésie : il n'a aucune connaissance de quelque relation que ce soit avec les autres, et donc pas à craindre qu'elle ne soit rompue, pas de relation à établir, pas de relation perdue à regretter. Quelle chance d'être protégé contre de telles choses, d'ignorer le sentiment d'abandon ressenti par quelqu'un d'autre." (p. 130)

"Ce que je me demande [...] c'est si ces gens du journal étaient conscients d'imprimer des mensonges." (p. 149)

"Nous inventons des histoires parce qu'elles nous aident à exister dans le chaos du monde." (p. 151)

"S'il faut mourir, que ce soit sur une plage, bon Dieu." (p. 185)

"C'était juste quelqu'un qui essayait de faire ce qui le rendait heureux et gérer avec ce qui le rendait triste." (p. 281)

"C'est drôle, se dit-il, quelquefois il se fait remarquer par ceux qui ont bu, et non par ceux qui sont sobres." (p. 311)

"Alors peut-être qu'on devrait se saouler.
- Ne cause pas dans le vide, mec. Tu dis où & quand, c'est tout.
" (p. 311)

"Comment vous faites pour lire les nouvelles d'hier un jour comme aujourd'hui ?" (p. 311)

"L'important, c'est ce que tu fais, pas comment on t'appelle." (p. 347)

"S'ils avaient besoin de leur histoire, c'est parce qu'ils n'avaient rien d'autre. Réfléchis à ce que fait Vévoda : il aide les gens à remodeler leur monde par des moyens dynamiques. Par des moyens inventifs. Il propose des modèles de compréhension. Il y a destruction, d'accord, mais elle est au service de..." (p. 376)

"Quelle est l'histoire qu'il se raconte ? Qu'il est un homme sur un bateau au bord de la civilisation? Qu'il est un homme naviguant au bord d'une vie qui n'aurait jamais dû être la sienne ?" (p. 387)

"Une machine à écrire repose sur le plancher ; il l'utilise seulement quand l'appartement est si froid que l'encre ne coule plus du stylo." (p.392)

"- Dans la mesure où tu le sais, qui suis-je ? [...]
- Ce que tu demandes, c'est qui tu étais.
" (p. 409)

"Il voit les étoiles, il n'a plus besoin des constellations." (p. 409)

"Tu peux parler de négligence. [...]
- Tu pourrais aussi parler de confiance.
- Je pourrais [...] D'après mon expérience, les deux mots sont synonymes." (p. 433)

"Nous sommes nous, et nous le sommes depuis très, très longtemps. Alors, en un sens, je suis toi." (p. 435)

"Nous prospérerons [...], aussi longtemps que vous choisirez d'extraire plutôt que de créer, aussi longtemps que vous confondrez art et commerce, progrès et destruction, aussi longtemps que vous enivrera le jus produit par l’écrasement d'une chose, d'un pays, d'une personne. Nous prospérerons aussi longtemps que vous mélangerez le pouvoir et l'influence, l'honneur et la suprématie, les moyens et la fin, le devoir et la responsabilité, car c'est ainsi que nos affaires peuvent... se perpétuer... c'est ainsi qu'elles peuvent tourner à un rythme toujours plus rapide. Notre plus grand espoir est de continuer à exploiter vos rêves toxiques et de le faire sans limitation aucune, car ainsi nous pouvons réclamer nos pourcentages prénégociés sur votre infinité personnelle et - dans bien des cas - sur celle de vos adversaires." (p. 461)

"Lancer un [... (spoiler)], c'est prendre les ferments de colère des personnes égarées, et s'en servir pour égarer ailleurs d'autres personnes. Une réaction en chaîne : des effacements, et la contagion ordinaire de l'oubli." (p. 467)

jeudi 20 mars 2014

"Déclaration d'anniversaire" d'Éléonore Cannone

Un bon bouquin pour ados, court et original : Déclaration d'anniversaire d'Éléonore Cannone.

Aurélien fête aujourd'hui ses 17 ans. Ce soir, il compte faire une annonce qui risque de bouleverser ses deux mères. Un couple un peu bobo qui a déjà eu à lutter contre l'intolérance et se targue d'avoir l'esprit ouvert ne devrait pourtant pas l'angoisser tant que ça... À moins que...

Nous suivons le déroulement de la journée au travers des yeux de différents protagonistes (dont le chat de la maison), et quelques trouvailles savoureuses nous conduisent inévitablement vers la confrontation finale, tant attendue et redoutée.


Cliquez sur la couverture pour accéder au roman à la Fnac.
Il est épuisé et donc hors de prix chez Amazon.

"J'ai décidé de me lever. Je n'en peux plus d'entendre maman s'agiter dans la cuisine en essayant désespérément de ne pas faire de bruit. En général, elle fait tout autant de bruit. Seulement, au lieu de faire un grand bruit une mauvaise fois pour toutes, elle fait une quantité de mini-bruits énervants : petits raclages de soupière, petite ouverture du frigo, crissement continu de la porte, petite fermeture du frigo..." (p.16)

"C'est parfois tentant de réinventer le passé pour le mettre à la hauteur du présent." (p. 22)

"J'avais douze ans. Tout le monde avait l'air de trouver très mignon qu'un "gamin" pense être amoureux. Ils n'avaient rien compris, ces imbéciles. Je ne pensais pas être amoureux. Je l'étais. Je n'avais pas choisi de tomber amoureux. Ça m'était tombé dessus par hasard. Je ne pouvais rien y faire. On n'est pas protégé contre l'amour parce qu'on n'a que douze ans. Ça arrive à tout âge. Simplement, c'est plus difficile quand on est jeune. Personne ne vous prend au sérieux." (p. 37)

"Il m'arrive aussi, de temps en temps, de laisser un livre que j'aime particulièrement sur un banc." (p.47)

"Quand on doit partir tous les jours perdre sa vie à faire un métier qu'on déteste, quel qu'il soit, on devient aigri, on finit par ne plus penser qu'à ce que ce travail peut nous rapporter." (p. 76-77)

"C'est ce qu’elle a toujours été : une chercheuse. Pas de celles qui trouvent. Pas de celles qui découvrent. Pas de celles qui inventent. De celles qui cherchent. Inlassablement." (p.81)

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