Dans l'abonnement Médium de L'école des loisirs se trouvait cette année Le Passage du Diable d'Anne Fine. Cette auteure, nous la connaissons pour sa série du "Chat assassin" (illustrée par Véronique Deiss, qui donne également un visage aux "Mathilde" de Sophie Chérer), laquelle a pour particularité, trouvé-je, de se lire désagréablement à l'oral, alors qu'elle est réjouissante à l'écrit... Hors du domaine scolaire, Anne Fine est connue pour son Mrs Doubtfire, porté à l'écran en 1993 sous les traits de Robin Williams.

Lorsque j'ai reçu la "livraison" de nos abonnements de mars, j'ai pris les ouvrages pour les feuilleter rapidement, avant de les couvrir. Bon, je ne les ai pas couverts tout de suite : au bout de 60 pages de lecture de celui-ci, je me suis dit que j'avais fait plus que le feuilleter... Je me garderai de spoiler (un des extraits qui peut en dire un peu trop est signalé plus bas), mais voici en quoi consistent les toutes premières pages de l'histoire, qui évolue rapidement.

Le jeune Daniel Cunningham a vécu alité et enfermé depuis sa naissance. Sa mère, aimante et solitaire, prend grand soin de lui, mais le tient à l'écart du monde, ne cessant de lui répéter qu'il est malade. Voilà que le voisinage s'aperçoit de l'existence du garçon et décide d’intervenir. Le Dr Marlow parvient à entrer dans la demeure et à discuter avec Daniel. Celui-ci ne lui semble pas en si mauvaise santé que cela. Sa mère a-t-elle perdu la raison, ou bien fait-elle tout, comme elle le prétend, pour le protéger ?

Le Passage du Diable d'Anne Fine

Même si quelques pièces du puzzle semblent être assez repérables lorsque elles apparaissent, on passe un bon moment, pressés de connaître la suite. Le style de l'auteure et la qualité de la traduction de Dominique Kugler font que l'on ne voit pas passer les 300 pages. À noter pour une future réédition : une petite coquille en bas de la page 43.

Morceaux choisis :

"JUSQU'À CE QUE LE JOUR SE LÈVE POUR CHASSER LES OMBRES" (p.93)

[SPOILER : l'extrait suivant révèle un élément-clé de l'intrigue]
"Je balayai les alentours du regard. Il est vrai que l'endroit était paisible avec ses aulnes qui se balançaient dans le vent et les vaches qui broutaient imperturbablement. Je levai la tête. Des oiseaux sillonnaient le ciel où voguaient, très haut, des nuages d'été. Je compris que, toute l'année, la tombe de ma mère serait éclairée par le soleil du matin. Qu'elle serait protégée des vents mauvais. loin des routes et des sentiers, elle serait en paix." (p.94-95)
[SPOILER : fin]

"Comme je n'avais pas l'habitude de faire quoi que ce soit par moi-même, je restai assis là, empêtré dans mon apitoiement et mon angoisse, jusqu'au moment où je me posai cette question : que ferait Sophie dans une telle situation ?" (p. 127)

"Le bonheur ne laisse pas de marque, il n'y avait donc pas grand chose à raconter." (p.202)

"Quand on [lui] donne un bâton, on ne peut jamais savoir s'il va s'en servir pour faucher les mauvaises herbes ou pour tuer son meilleur ami." (p.205)

"Tu apprendras que bien souvent, lorsque les soucis frappent à la porte, l'amour prend la clef des champs." (p.232)

"Les passages du diable sont les chemins les plus ordinaires. Croyez-moi... Car le diable ne peut arriver à ses fins sans votre aide. Il ne triomphe que si vous lui ouvrez la porte." (p.289)