Dans un certain nombre de documents d'époque, la grande Histoire rencontre de petites histoires. C'est ce que l'on ressent, par exemple, en parcourant la loi salique : on imagine aisément les situations (parfois tristement comiques) qui ont entraîné la rédaction de certains articles. Exemples :

"Quiconque aura coupé la queue d’un cheval sans le consentement du maître, et aura avoué le fait, devra payer la valeur du cheval." (LXVIII 1)

"Quiconque aura appelé un autre homme, infâme, sera condamné à payer 600 deniers, ou 15 sous d’or. S’il l’a appelé merdeux, il sera condamné à payer 120 deniers, ou 3 sous d’or. S’il l’a appelé fourbe, il sera condamné à payer 120 deniers, ou 3 sous d’or. S’il l’a appelé poltron, il sera condamné à payer 240 deniers, ou 6 sous d’or." (XXXII 1-4)

"Quiconque aura coupé la chevelure d’un jeune garçon, sans la participation de ses parents, sera condamné à payer 1.800 deniers, ou 45 sous d’or. " (XXVI 2)

Brèves d'Histoire
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Patrice Beck et Philippe Bernardi, historiens, ont eu l'idée de collecter et de publier quelques unes des nombreuses petites histoires dont ils prennent connaissance lors de l'étude de documents, mais dont ils ne peuvent rendre compte car elles n'entrent généralement pas dans le sujet de leur recherche et ne serviraient pas leur propos. Voici donc, dans un beau petit ouvrage imprimé sur papier de qualité et vendu 5 euros (!?), près de 70 textes touchants, systématiquement accompagnés de leur référence précise. En voici un (p.81) :

"Les sauvageons
Chemnitz, 1496

Sera puni d'une amende d'un Groschen tout apprenti cordonnier qui se livre à des paris d'argent, joue aux dés, se dispute, mange et boit plus que de raison, va chercher seul et sans permission sa bière au comptoir ou invite sans autorisation une femme à danser, lance des aliments à travers l'auberge, monte sur la table, n'apporte pas sa bougie, commande un autre plat que celui autorisé par les Anciens, passe par une auberge après un enterrement, ne se rend pas à l'étuve le jour du bain fixé toutes les deux semaines."

Comme quoi, les problèmes avec les ados ne datent pas d'hier ! ;o)