Une nouvelle belle découverte dans la bibliothèque municipale... Un roman vivement conseillé par la bibliothécaire qui venait de nous présenter de superbes albums sur la Première Guerre mondiale.

Il ne faut point trop en dire car la découverte progressive du sujet est un des ressorts essentiels de l'intrigue. Henry et sa famille ont vécu un terrible drame. Les répercussions sont telles qu'ils ont été amenés à déménager... Mais l'anonymat retrouvé ne suffit pas à régler les problèmes, loin de là. Voici donc Henry confié aux bons soins d'un psychologue miteux qui lui remet un cahier et lui conseille de ne pas hésiter à écrire dedans, en particulier "les jours où ça va mal". Mais Henry n'écrira pas dedans. En rentrant, il le flanque à la poubelle. Puis bon, d'accord, il retourne le chercher un peu plus tard, mais c'est uniquement parce qu'il s'ennuyait...


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Un roman pour ados mémorable, qui se lit d'une traite. Le sujet, qui pourrait aisément tomber dans le pathos, brillamment traité (et brillamment traduit), parvient régulièrement à nous tirer des éclats de rire.

Voici quelques morceaux choisis, que j'ai notés au fil de ma lecture... Ils ne dévoilent pas d'élément-clef de l'intrigue (au besoin, grâce à de petites coupes, indiquées) :

"Aujourd'hui, pour notre troisième séance [avec le psy Cecil], il portait encore un tee-shirt tie-and-die, violet cette fois. Dis donc, Cecil, j'ai eu envie de lui dire, les années soixante ont appelé, elles voudraient récupérer leur look !." (p. 5)

"Il y a des gens, on leur donne la main, ils vous prennent tout le bras. [X.] et [Y.] sont exactement ces gens-là. Leur solitude est comme un pet foireux : on la sent à des kilomètres. [Z.] et moi, nous partageons une solitude d'un genre différent. Le genre qu'on éprouve même quand on est entouré de monde, parce qu'on sait que quelque chose, ou quelqu'un, vous manque. Les autres esseulés ne peuvent pas combler ce vide. Les autres esseulés ne font que vous rappeler à quel point vous êtes déjà seul. Les autres esseulés ne font qu'aggraver les choses." (p. 39-40)

"Est-ce que ce ne serait pas génial si on pouvait écrire le scénario de sa propre vie ? Je suppose qu'il y aurait beaucoup moins de suspens qu'au cinéma. Mais au moins on pourrait s'écrire un happy end." (p. 45)

"LE SAVIEZ-VOUS ? Les animaux les plus venimeux de la Terre sont souvent les plus colorés. Pourquoi ? Parce qu'ils veulent être vus. Ainsi, les prédateurs n'ont qu'à en manger un ou deux avant que leurs copains se disent : "Attends un peu. Si je boulotte cette grenouille dendrobate / ce serpent corail / ce papillon monarque, je vais connaître une mort très douloureuse, comme mon pote Bob !" Et très vite, tout le monde sait qu'il vaut mieux les laisser tranquilles. [W.] est une version humaine de la grenouille dendrobate. On ne peut que la remarquer ; mais on ne tarde pas à apprendre qu'elle est toxique." (p. 52)

"Savez vous ce que sentent les pets des clowns ? Ils sentent drôle."(p. 86)

"LE SAVIEZ-VOUS ? Les cafards existent depuis environ trois cent cinquante millions d'années. Ils survivent à tout, même aux bombes nucléaires. Et s'en débarrasser est extrêmement difficile. [V.] est mon cafard personnel à moi." (p. 102)

"Si Dieu ne voulait pas qu'on mange des animaux, il ne les aurait pas faits en viande." (p. 104)

"Enfin, la porte du cabinet s'est rouverte et le Dr Duschnock est sorti. Il est hyper grand - genre un mètre quatre-vingt-quinze -, mince, avec des cheveux blonds clairsemés. Le genre de visage qui ne révèle rien, ce qui est sans doute très bien quand on est psychiatre, mais très bien aussi quand on est tueur en série." (p. 162)

"Je regrette que nous n'ayons pas trouvé en premier notre dernière idée." (p. 173)

"Et là, elle a embrassé [V.] sur la bouche, comme ça, devant moi. Il y a des hôtels pour ça, ai-je eu envie de leur dire." (p. 191)