Événements attendus par les fans de J.-C. Mourlevat, dont je fais partie : la sortie à quelques jours d’intervalle, de deux ouvrages de cet auteur.

J.-C. Mourlevat nous avait fait le plaisir de nous raconter en janvier 2012, l'une des nouvelles de ce recueil, Silhouette, qui en compte dix. Il les qualifie de cruelles, et c'est le cas. Amateurs de happy ends, passez votre chemin... En une vingtaine de pages, l'auteur fait preuve à chaque fois de sa maîtrise de ce type d'écrit particulier. À l'issue de notre lecture, la simple consultation de la table des matières permet de se rappeler de chaque histoire (en étoiles, mon avis) :
- Silhouette (***)
- Case départ (****)
- Pardon (***)
- Love (***)
- Ouessant (***)
- L’accord du participe (****)
- Dom Juan (***)
- Mon oncle Chris (*****)
- Les jolis nuages (*****)
- Un escroc (****)

Toutes peuvent être lues indépendamment les unes des autres, à l'exception de la dixième (Un escroc), qui ne prend son sens et ne constitue une amusante mise en abyme que si elle vient couronner la lecture du reste. Par ce lien, vous trouverez un recueil des textes poétiques auxquels fait référence la nouvelle "Les jolis nuages".

Morceaux choisis :
"Aux dix commandements de Dieu, il en avait ajouté un onzième : "Tu accorderas correctement le participe passé employé avec les auxiliaires être et avoir", qu'il situait, dans sa hiérarchie personnelle, tout juste après le "Tu ne tueras point"." (p.125 - À noter une belle bourde du relecteur de la maison d'édition, qui a corrigé p.135 une erreur volontaire et plante ainsi l'effet escompté... Bouh !)

"Il alla dans sa chambre, se regarda dans la glace de son armoire et faillit se dire : "Bonjour monsieur." " (p.137)

Sophie Scholl : "Non à la lâcheté" est une biographie qui traite du Groupe de la Rose Blanche, ces Résistants allemands qui luttèrent contre le nazisme. Un dossier complémentaire souligne utilement la résonance que de telles luttes trouvent dans notre monde actuel (libération du Tibet, Pussy Riot...)

"On avait soudain le sentiment de vivre dans une grande et belle maison, tout en devinant que dans la cave se passaient des choses terribles, inavouables et ténébreuses." (p.16)

"Vous n'avez tué personne. Vous n'avez lutté qu'avec des mots." (p.53)

"Et si... [...] si vous disiez que vous avez été entraînée par votre frère... que vous lui avec fait confiance et que... que vous regrettez, que vous ne partagez pas son idéologie... Ce ne serait pas trahir vos amis que de dire ça... [...]
– Ce serait trahir la cause [...] Je ne regrette rien. Je referais la même chose. Exactement." (p.54)

"Ce que nous avons dit et écrit, beaucoup le pensent, mais personne n'ose le dire." (p.63)

"Sans doute devrions-nous penser à elle, à Sophie, et la prendre pour exemple lorsque nous sommes tentés de céder à nos petites lâchetés quotidiennes. Nous qui vivons en démocratie avons la responsabilité de défendre ce merveilleux privilège. Il ne s'agit pas de mettre nos vies en jeu, mais au moins de ne pas détourner le regard lorsque certains veulent imposer la loi du plus fort : dealers, racketteurs, intimidateurs de tous bords. Que ce soit à l'école, au stade, dans un bus, dans la rue, nos courages ajoutés doivent tenir à distance les abus de pouvoir et la force brutale." (p.82-83)