Un petit roman que l'on m'a prêté, écrit par Eduardo Mendoza (et traduit par François Maspero, que les lecteurs de Zafón apprécient). Pas que l'ouvrage soit génial, mais il présente quelques scènes bien amusantes... Un extra-terrestre, Gurb, a disparu, et son coéquipier part à sa recherche, découvrant au passage la société humaine barcelonaise de 1992.




En voici deux petits extraits sympathiques :

[...] À l'image des insectes, les êtres humains passent, s'ils en ont le temps, par trois phases ou étapes de développement. Ceux de la première étape sont désignés sous le nom d'enfants ; ceux de la deuxième, de travailleurs, et ceux de la troisième, de retraités. Les enfants font ce qu'on leur commande ; les travailleurs aussi, mais ils sont rétribués pour ça ; les retraités reçoivent également des émoluments, mais on leur interdit de rien faire, car leurs mains ne sont pas sûres et ils laissent tout tomber, sauf leur canne et leur journal. Les enfants ne servent pas à grand-chose. Autrefois, on les utilisait pour extraire le charbon des mines, mais le progrès a mis fin à cet emploi. Aujourd'hui, on les voit à la télévision, au milieu de l'après-midi, sauter, vociférer et parler un jargon absurde. Chez les êtres humains comme chez nous, il existe aussi une quatrième étape ou condition, qui est celle dite du cadavre, mais mieux vaut ne pas en parler. (p.66-67)

Je suis réveillé par un bruit épouvantable. Il y a de cela des millions d'années (ou plus) la Terre a pris sa configuration actuelle en subissant des cataclysmes monstrueux : les océans envahissaient les côtes et engloutissaient les îles, tandis que des pics gigantesques s'écroulaient et que des volcans en éruption engendraient de nouvelles montagnes ; les séismes déplaçaient des continents. Pour rappeler ce phénomène, la municipalité envoie chaque nuit des appareils appelés bennes à ordures reproduire cette ambiance tellurique sous les fenêtres de ses administrés. (p.72)