On pourrait ranger les bouquins d'instits sur l'école en deux types...

* Le premier constitue 90 % de l'édition (et 100 % du rayon de ma Fnac locale (et 100 % des articles promotionnels "éducatifs" de Marianne)) : un(e) instit fraîchement nommé(e) découvre que le monde de l'Éducation Nationale ne va pas bien (alors qu'il ou elle croyait qu'il s'agissait d'un monde merveilleux), trouve un bouc émissaire (les "pédagogistes", les étrangers, les prédécesseurs, les gauchistes, les enfants, etc.) puis finit par décréter qu'il n'y a guère que les bonnes vieilles méthodes pour redresser la barre. Le gros intérêt de ces livres est l'économie de temps et d'argent qu'ils permettent, puisqu'il suffit d'en avoir lu un pour les avoir tous lus.

* Et puis il y a les autres... Les ouvrages écrits par des instits ou anciens instits qui ne prétendent pas tout savoir ni avoir réponse à tout, mais donnent à voir, offrent des pistes de réflexion, parlent de leur classe... L'an dernier sortait l'indispensable "Apprendre avec les pédagogies coopératives" de Sylvain Connac ; il y a quelques années, le regretté René Laffitte avait publié l'excellent "Une journée dans une classe coopérative - Le désir retrouvé" ; on peut également parler des ouvrages de Catherine Pochet (dont le fondamental "Qui c'est l'conseil ?")...



Martine Boncourt est une référence dans le domaine de la poésie à l'école ; elle nous avait fait savoir, par "Moi, maîtresse, - Petits arrangements avec la pédagogie" qu'elle possède également un grand talent pour décrire des scènes de vie de classe. En voici une confirmation, s'il était besoin, avec ce deuxième opus (qui peut parfaitement se lire indépendamment du premier) : "C'est pas moi Maîtresse !".

Des moments choisis, des moments forts, toujours sources de réflexion, au cours desquels l'enseignante essaye, tant bien que mal, de trouver la parole juste, celle qui va permettre à l'enfant de grandir ou d'entrer en résilience. Cela ne marche pas toujours, et l'auteure ne s'en cache pas. Mais chaque enseignant se reconnaîtra dans nombre de cas évoqués. Une preuve de plus, si besoin était, que l'Inconscient n'est pas absent de l'école et que sa prise en compte dans le quotidien de la classe, par la pédagogie institutionnelle, permet d'élargir son champ d'analyse et de réponses à apporter. Vous pouvez retrouver ici trois textes que Martine Boncourt a offerts aux amateurs de petits livres : Le cancre de service, Scénario sur un coup de sang et Tout à coup. Si vous les appréciez, vous adorerez les deux ouvrages de la série "Maîtresse".

Je reprendrai en conclusion un extrait de la préface que Philippe Meirieu a rédigée pour ce recueil : "[Martine Boncourt] explore les voies les plus modestes et les plus ambitieuses de l'entreprise éducative. Indissociablement. Les voies du quotidien pédagogique. Là où l'humain se révèle. Là où l'humain se relève. Là où l'enfant s'élève. Quand on fait école."